École Calixa-Lavallée, Montréal, 2008: Mohamad vit avec ses deux frères, sa sœur et sa mère monoparentale. Les ressources financières sont très limitées. Atteint d’arthrite juvénile chronique, Mohamad doit surmonter les retards causés par ses nombreuses absences. C’est un parcours complexe ponctué de beaucoup d’adversité pour un adolescent, mais sa persévérance lui permettra de réussir.

Soumise à Éducaide par la direction de l’école du garçon, la candidature de Mohamad Matout le dépeint comme élève montrant une belle volonté de réussir à l’école, ce qui lui vaudra une bourse de persévérance de 500 $ à compter de la 3e secondaire. Cette bourse est renouvelable chaque année jusqu’en 5e secondaire. Aujourd’hui, le résident en psychiatrie en est grandement reconnaissant.

« Savoir qu’on peut récompenser des jeunes qui éprouvent des difficultés, c’est super ! Au-delà de l’aspect financier, c’est plus un message. Les élèves persévérants n’ont pas toujours les encouragements nécessaires, alors cette bourse aide beaucoup c’est sûr. Mais elle aide surtout à nous dépasser, à croire en nous, à nous donner de l’espoir », a avoué le dernier de la famille.

Après l’apparition de premiers symptômes à huit ans, Mohamad reçoit finalement un diagnostic d’arthrite juvénile chronique à 11 ans. Il sera suivi à la clinique d’arthrite de l’Hôpital de Montréal pour enfants. Cette maladie lui cause beaucoup de douleur aux poignets, aux doigts de même qu’aux hanches.

« Malgré sa condition physique très précaire, Mohamad a obtenu d’excellents résultats scolaires. Sa persévérance et son courage font de lui un élève exceptionnel. Il est une source de motivation, un exemple à suivre pour nous tous » soulignait la direction de l’école Calixa-Lavallée lors de la mise en candidature de Mohamad pour l’obtention d’une bourse de persévérance Éducaide en 2008.

« J’ai une mère qui me poussait tout le temps et tout le personnel de l’école a été merveilleux ! », a lancé Mohamad, prenant soin de souligner l’apport inestimable de plusieurs personnes de l’établissement et du corps professoral dans sa réussite, dont Mesdames Lefebvre et Leduc.

Après l’obtention d’un DEC en sciences de la nature au Collège de Maisonneuve, l’étudiant trilingue prend la direction de l’Université McGill où il est accepté en médecine.

Ayant de l’intérêt pour la rhumatologie au départ, Mohamad s’est finalement tourné vers la psychiatrie. « Après mon stage en psychiatrie, j’ai décidé que c’est ce que je voulais faire. On travaille avec la souffrance humaine, les débats éthiques, on cherche à aider les gens dans des situations très intimes, a précisé l’étudiant de McGill. Il faut passer du temps avec le patient, et comme j’ai grandi en milieu défavorisé, j’ai réalisé qu’il y a une réalité qui est présente et profonde et on ne connaît pas d’où les gens viennent et les difficultés qu’ils rencontrent ».

Toujours aux prises avec son arthrite, Mohamad reçoit maintenant un traitement qui fonctionne bien. « Il y a de moins bonnes journées, mais en général ça va bien. Je fais des étirements le matin, car c’est à ce moment que l’inflammation est plus grande, et ça diminue pendant la journée. Mes patients comprennent bien ma situation », a laissé savoir le résident en psychiatrie.

L’institut universitaire en santé mentale Douglas, l’Hôpital Royal Victoria, l’Institut Allan Memorial, l’Hôpital général juif et le Centre hospitalier de St. Mary sont les principaux endroits où pratique le jeune homme qui sera officiellement psychiatre dans cinq ans.

Originaire du Liban, la famille bifurque à Abu Dhabi quelques années. C’est là que Mohamad vient au monde. En 1999, avec sa mère, sa sœur et ses frères, Mohamad arrive au Canada. Il a cinq ans. Fréquentant les écoles primaires Saint-Vincent-Marie et Saint-Rémi, il apprendra rapidement le français et profitera de l’anglais intensif à l’école pour éventuellement ajouter une troisième langue à son répertoire.

Mohamad Matout aurait eu toutes les raisons de se décourager, mais sa persévérance fait aujourd’hui de lui non seulement un exemple frappant de ce que la résilience peut générer, il est aussi enclin à redonner et à transmettre son histoire afin d’inspirer les jeunes à continuer de travailler fort.

« Si je peux montrer aux gens que c’est possible et que la bourse m’a vraiment aidé, ça va me faire plaisir. Si des jeunes veulent me poser des questions, vous leur direz qu’ils peuvent m’écrire n’importe quand », a déclaré avec générosité le jeune homme de 25 ans.